Contre l’écologisme

Après de longues années de quasi silence la production intellectuelle française est remarquable et l’apport de Bruno Durieux* complète heureusement ceux de Bruno Tertrais, Sylvie Brunel, Remy Prudhomme, Christian Géroindeau…

Durieux, haut fonctionnaire a participé à la vie politique depuis plus de 46 ans et a pu observer l’influence croissant de l’écologisme militant au sein des pouvoirs publics et l’opinion. Dès 2012 il sonnait l’alerte et publiait un pamphlet précédé d’une réflexion ironique à la manière de Montesquieu sous le titre « Lettre d’un persan » :

« Or, mon cher Rhédi, comment ce peuple si vif et ses dirigeants si expérimentée ne voient-ils pas que leur pays souffre de maux qui paralysent depuis des lustres l’action publique et l’action privée ? L’écologisme est ici élevé au rang d’une religion d’Etat. La droite se montre plus dévote que la gauche quand celle-ci jouit du soutien massif de son clergé ! Le résultat de ses assauts de bigoterie environnementale est d’un cout collectif considérable mais caché. Des normes innombrables et couteuses, des règles paralysantes, un état d’esprit recroquevillé affecte la dynamique économique, l’esprit d’entreprise, les équipements collectifs et la confiance dans l’avenir…. »

Je suppose que depuis 2012, désespéré de la montée en puissance de ce qui n’était qu’une utopie gauchiste devenu depuis une force politique dangereuse il a compris l’urgence de publier un ouvrage remarquable synthétique et courageux… car lucide il précise les risques «  il se pourrait que j’appartienne au monde des philistins de l’environnement »

Il dénonce plus particulièrement la constitutionnalisation des néfastes principes de précaution et de non régression des réglementations environnementales qui apparaissent à notre auteur comme particulièrement dangereuse et contraire aux principes issus de la Déclaration de droits de l’homme et ces dispositions qu’il juge politiquement irréversibles sont le fruit de la collaboration incestueuse de la « gauche » et de la « Droite »

Je n’ai pas trouvé mention textes fondateurs des principes de la nouvelle politique environnementale (Free Market Environmentalism): Hardin, Coase, Ostrom, Anderson, Yandle…mais en revanche la longue analyse critique des ouvrages de Hans Jonas met en évidence la dérive totalitaire de l’écologisme prônant la décroissance.

Nulle part Durieux n’évoque le rôle central des droits de propriété pour la gestion environnementale ou les réflexions de Burke et, tout récemment, celles de Roger Scruton. ( cf. « Green philosophy : how to think seriously about the planet » www.icrei.fr)

Un ouvrage cependant à lire au moment où le gouvernement entend donner des gages à l’écologisme … quitte à promouvoir la ridicule nouvelle icône de l’écologisme mondial Greta Thumberg

Max Falque

  • Contre l’écologisme : pour une croissance au service de l’environnement Editions de Fallois, 2019, 263 p.