Fred. Rich est un important avocat d’affaires à New York , impliqué dans les associations de protection de la nature: à ce double titre il est légitime qu’il consacre ses compétences et son expérience à la recherche d’une réconciliation entre les associations « Vertes » (globalement à gauche) et les « Conservateurs » (le plus souvent à droite).
Cet ouvrage remarquable est d’abord un livre d’histoire retraçant les étapes des efforts de protection des ressources environnementales aux Etats Unis depuis le Président Theodore Roosevelt au début du XXème siècle (conservateur) puis l’ « Earth Day » d’Avril 1970 ( populaire et Vert) et enfin l’opposition croissante entre les deux tendances de plus en plus idéologiques aboutissant aujourd’hui à ce que Rich nomme « the great estrangement » une fracture qui paralyse la mise en place d’une politique environnementale efficace et réaliste.
Pour autant cela est possible en encourageant et les Verts et les Conservateurs à collaborer dans le champ de leurs valeurs commune afin d’inventer un « Center Green », pragmatique et non idéologique, quitte à renoncer à certaines orthodoxies.
A cette fin il propose « Dix commandements » faisant chacun l’objet d’un chapitre :
- Soyez modestes : dites la vérité et admettez l’incertitude
- Soyez optimistes et proposez une vision positive
- Les compromis et les progrès limités (incrémentalisme) sont souhaitables
- Acceptez l’impératif de la croissance
- Acceptez le capitalisme
- Les entreprises (business) ne sont pas l’ennemi
- Introduisez des considérations morales pour la conservation de la nature
- Evitez d’avancer des objectifs de missions universelles de transformation sociale
- Connectez vos associations et mobilisez les personnes ordinaires et pas seulement les élites de Washington
- Prenez en compte les habitants des villes, lieux de croissance démographique et d’innovation.
Bien que consacré aux seuls Etats Unis les réflexions et recommandations de Frederic Rich peuvent guider la nécessaire réforme de la politique environnementale française sous réserve de reconnaitre que les « Conservateurs » sont pratiquement absents de la « Droite » qui a le plus souvent laissé à la « Gauche », sinon au gauchisme, le monopole des idées et des initiatives.
En effet si l’essentiel des associations vertes américaine admettent le rôle des droits de propriété et du marché et des risques de certaines règlementations environnementales, cela n’est pas le cas en France.
Pour autant la lecture attentive de cet ouvrage ouvre des perspectives à adapter au contexte européen encore solidement partisan du « Command and Control »
Enfin J’ai noté avec plaisir :
- ses nombreuses références à Edmund Burke, qui a inspiré l’ouvrage de Roger Scruton « Green Philosophy, how to think seriously about the Planet » (2012) dont j’ai résumé le contenu dans « Propos écologiquement incorrect » tome 2,Libre Echange, 2016
- son exposé de l’action bipartisane du « Land Trust Alliancce » ,( fédération de quelques 1200 conservatoires d’espaces), avec laquelle j’ai collaboré à plusieurs occasions.
Max Falque