Cet ouvrage de quelque 400 pages complète heureusement celui d’Emmanuel Leroy-Ladurie, Histoire humaine et comparée du climat (Fayard, 2004), dont la lecture m’avait conduit naguère à mettre en doute les affirmations sur le caractère exceptionnel et dramatique du récent et prétendu réchauffement climatique.
Mais Yves Roucaute remonte le temps et retrace la formation et les multiples modifications environnementales depuis l’origine de notre planète, il y a des milliards d’années, et surtout la récente apparition de l’humanité, il y a environ sept millions d’années, qui est parvenue à survivre malgré les conditions climatiques (le plus souvent glaciaires) et une activité volcanique terrifiante entraînant des modifications géologiques considérables. Il ne reste rien de ces millions d’années sinon des charniers témoignant des catastrophes naturelles.
A partir de − 12 000 les conditions climatiques plus clémentes, notamment au Proche-Orient, permettent le développement conjoint de l’agriculture et de la sédentarisation ouvrant la voie à la civilisation (aujourd’hui accusée de détruire la nature) et à l’invention des droits de propriété.
Une réflexion mûrie
Y. Roucaute a bien résumé son projet, ébauché en 2020 avec la publication de L’Homo creator face à une planète impitoyable, et développé en 2022 avec ce nouvel ouvrage : « Le temps est venu de dire que la créativité humaine pour l’asservissement total de la planète fut la raison de la survie et qu’elle le reste. »
Autant dire qu’il prend à rebrousse-poil tous ceux qui s’expriment aujourd’hui sur le climat, non pas pour polémiquer vainement mais bien pour les convaincre. Ainsi s’adresse-t-il en priorité à cette jeunesse, hypnotisée par Greta Thunberg, qui « devrait porter l’avenir de l’humanité et non le maudire ».
Un ouvrage scientifique et polémique
Sa lecture facile ne doit pas cacher le contenu scientifique de l’ouvrage, présenté en cinq parties assorties de trois cents notes et plus de cinquante références bibliographiques, qui permet de démonter la thèse officielle qui affirme que le gaz carbonique d’origine anthropique est la principale cause du réchauffement climatique et que celui-ci fait courir un risque mortel pour la planète.
Mais Y. Roucaute ne peut s’empêcher d’être polémique, multipliant les expressions peu amènes à l’encontre de ses adversaires, qualifiés de « procureurs verts », « militants frugifères » ou « bonimenteurs de l’obscurité », qui pourraient desservir son propos.
L’ouvrage offre aussi une réflexion philosophique, théologique et morale qui permet d’espérer : « Mettre l’humanité au centre de l’univers, pourchasser tout ce qui nuit à la joie de vivre, à la liberté et à la puissance humaine, voilà le chemin de la véritable écologie. »
Pour un débat public
Y. Roucaute n’hésite pas à affirmer que le réchauffement climatique observé depuis plus d’un siècle s’inscrit dans les cycles de modification climatique normale d’alternance de périodes froides (les plus nombreuses) et chaudes. Il affirme même que vers 2030 ou 2040, on entrera dans une période de refroidissement comparable au « petit âge glaciaire » qui a prévalu en Europe du XIVe au XIXe siècle.
Si cela était le cas, il est évident que toutes nos politiques de lutte contre le « réchauffement climatique » à l’horizon 2050 n’aboutiraient qu’à appauvrir l’humanité. Doit-on alors se ranger à l’affirmation péremptoire d’Yves Roucaute : « Sauver la planète de l’humanité est une galéjade » (Le Figaro, 3 juin 2022)
La question, comme tout le contenu de cet ouvrage dense, passionné et passionnant, mérite d’être débattue, d’abord entre scientifiques, puis avec les associations soucieuses du sort de l’humanité et de la liberté, ainsi qu’avec les citoyens et les médias.
Yves Roucaute, L’Obscurantisme vert – La véritable histoire de la condition humaine, Cerf, 2022.