La présentation par Benoit Ritteau de cet ouvrage de 315 p. publié par les éditions L’Artilleur/Le Toucan en 2017 traduit bien l’ambition de l’auteur : « Rémy Prud’homme, professeur d’économie émérite à l’université Paris-Est décortique la question des énergies renouvelables, en analysant dans le détail les résultats des expériences récentes de développement des énergies solaire et éolienne dans trois grands pays européens.
« Le soleil et le vent n’envoient pas de facture », entend-on parfois. Pourtant, les bilans danois, allemands et espagnols en matière de développement des intermittents font peine à voir. Non seulement les prix se sont envolés pour le consommateur, mais les dispositifs mis en place n’ont pas eu – loin s’en faut – l’efficacité annoncée en terme de réduction des émissions de gaz carbonique, critère environnemental majeur avancé jusque là en leur faveur.
Nourrissant ses réflexions aux meilleures sources, Rémy Prud’homme use de son style limpide pour nous initier aux subtilités des contextes nationaux très différents dans lesquels prennent place ces problématiques. L’exemple du Danemark est éclairant sur le caractère si souvent tronqué du débat sur la question énergétique. Comparer la production et la consommation danoise peut faire rêver sur une possible autosuffisance électrique fondée sur le soleil et le vent, sauf que les heures où le Danemark produit ne correspondent pas, en général, à celles où il consomme. En l’absence de toute possibilité de stockage massif de l’énergie, le pays ne peut être correctement alimenté que grâce à son réseau électrique intégré à un plus vaste ensemble qui inclut la Suède et la Norvège (et leur électricité hydraulique et nucléaire). Sans compter que lorsque le Danemark produit une électricité dont personne ne veut, il en est réduit à payer pour s’en débarrasser…
Conscient que chaque situation est particulière, Rémy Prud’homme se garde bien de jeter le bébé avec l’eau du bain. Il est des cas spécifiques où les énergies intermittentes sont de loin la meilleure option : témoin en est ce village éthiopien isolé dont l’unique source d’électricité est un panneau solaire, utilisé pour alimenter… un smartphone, qui offre aux habitants leur seul (mais oh combien précieux) contact permanent avec le monde extérieur.
En revanche, l’économiste constate que l’ambition solaire et éolienne française a, elle, toutes les chances de finir aussi mal que les expériences de nos voisins européens. À moins de l’imprévisible avènement d’une révolution technologique qui permettrait à des batteries de stocker l’électricité à grande échelle, les énergies intermittentes sont aujourd’hui condamnées à demeurer d’insondables gouffres financiers, qui ne pourront espérer survivre que par la grâce d’une perfusion perpétuelle de subventions publiques au coût pharaonique. Outre une valeur ajoutée environnementale limitée et contestable (voire négative dans certains de ses aspects), ces sources d’électricité sont également susceptible de mettre en grand danger la stabilité du réseau, en augmentant considérablement, par leur nature intermittente, le risque de black out à grande échelle »
J’ajouterai que sa critique du Modèle allemand est pertinente sauf à ne pas tenir compte des risques liés aux déchets nucléaires ultimes pour lesquels l’enfouissement n’est pas satisfaisant et dangerux pour des centaines d’années.
Son analyse du succès des thèses favorables au solaire et à l’éolien à savoir « le discours amoureux » (p. 47 et s.) décrit par le menu la complicité des politiques, de la finance, des ONG, de l’opinion, des média et de l’enseignement
Ces relations incestueuses et puissantes aboutissent à substituer la passion à la raison et conduire à la ruine économique sans apporter de solution au réchauffement de la planète dont on ignore encore les causes et l’importance à long terme.
Remarquablement documenté cet ouvrage aurait gagner à présenter un résume à la fin de chacun de ses 8 chapitre et un index auteur/matières détaillé permettant d’accéder rapidement aux différents thème.
Max Falque