Les biens communs en agriculture, tragédie ou apologie ?

Cet excellent ouvrage de 136 pages réunit les onze communications présentées aux Rencontres de Droit Rural du 11 avril 2019, organisées notamment par le think-tank Agridées, l’Académie d’agriculture et l’Association française de droit rural.

Ces textes constituent un apport capital à la réflexion, voire à l’engouement de nombreux spécialistes français de toutes disciplines qui ont découvert tardivement les apports de Garrett Hardin et surtout d’Elinor Ostrom sur les modalité de gestion des ressources environnementales.

En effet, la propriété privée a accompagné l’invention de l’agriculture il y a environ dix mille ans et, sous des formes diverses, a réussi à nourrir un nombre croissant d’humains. Cette institution a aussi accompagné l’émergence de la liberté économique et politique.

Or il se trouve, en France notamment, que la détestation de la propriété privée est au cœur des doctrines socialiste et communiste. La question environnementale est venue au secours de la contestation de la légitimité de la propriété privée, comme en témoigne la concomitance de l’effondrement du communisme en 1992 et de la montée en puissance de l’écologisme. La théorie des biens communs apparaît dès lors comme une alternative à la propriété privée.

Dans leur introduction, Jean-Baptiste Millard et Hubert Bosse-Platière rappellent justement la mise en garde par quinze intellectuels : « On commence par le bien commun et on finit par le Comité de salut public » (Le Monde, 15 juin 2018). Ils évoquent aussi les efforts pour introduire ce concept dans la constitution, en contradiction avec la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789, et en particulier son article 17.

En réalité, depuis au moins un siècle l’agriculture a fait l’objet d’innombrables règlementations qui ont progressivement réduit l’autonomie de la propriété au motif de l’économie, de la justice sociale, de l’environnement, voire de l’idéologie.

Onze excellentes communications sont réparties en deux parties :

  1. Agriculture : quels biens communs ?
  2. L’Agriculture : une gouvernance partagée.

Dans son article conclusif « Les biens communs contre le Bien Commun », François Robbe met en garde : « Notre patrimoine commun le plus précieux est celui de nos libertés individuelles, conquises au fil des siècles et garantes de l’épanouissement personnel de chacun. Il appartient aux hommes du XXIe siècle de démontrer qu’il est possible de relever les défis environnementaux auxquels ils sont confrontés sans sacrifier ces acquis essentiels. »

Si par malheur les militants du « bien commun » visaient la collectivisation de l’agriculture, nous devons nous souvenir que celle-ci a toujours entraîné la famine, la servitude et la dictature.


Jean-Baptiste Millard (dir.), Hubert Bosse-Platière (dir.), Les biens communs en agriculture, tragédie ou apologie ?, LexisNexis, 2020.