Néo-liberalisme (s) , une archéologie intellectuelle, Grasset , 2012, 630 p.
J’avais laissé de côté cet ouvrage, découragé par avance par son épaisseur. C’était une erreur car absolument indispensable pour comprendre l’évolution des idées politique.et plus particulièrement celles concernant les multiples formes du neo- libéralisme.
Qui connait en France le « Colloque Lippman » et la « Société du Mont Pèlerin » qui ont nourri la pensée d’une petite troupe d’intellectuel français qui en lien avec leurs collègues du monde occidental, on poursuivi la réflexion des pères fondateurs tel Hayek, Schumpeter, von Mises, Friedman, Coase…
Parmi les quelques 500 personnes citées dans l’index on retrouve avec plaisir les noms de Jouvenel, Villey, Aron, Revel, Salin, Lepage , Garello, Aftalion…. Madelin est mentionné comme le porteur d’une « sortie » politique ratée
L’introduction de 57 pages résume l’ouvrage où l’on trouvera les détails des multiples oppositions voire querelles entre les héros de cette saga : américains et britanniques contre européens, allemands contre italiens et contre suisses …. Il semble que les libéraux sont particulièrement doués pour la querelle comme on a pu le constater en France au sein des « Nouveaux économistes »
J’ignore l’accueil réservé à ce maitre ouvrage mais je suis certain qu’il servira de guide à la nouvelle génération des libéraux qui tarde à se manifester tant il est vrai que la détestation du libéralisme semble être le ciment de la société française.
Enfin j’aurais aimé qu’ Audier mentionne les succès du « Free market Environmentalism » thème de la rencontre de la Société du Mont Pélerin de aout 1991 « The greening of the political economy : classical liberal perspectives ». Hardin, Demsetz, Ostrom, De Soto…ont réussi dans un domaine où on n’attendait pas le libéralisme !
En définitive un ouvrage passionnant et remarquablement documenté
La société écologique et ses ennemis : pour une histoire alternative de l’émancipation, La Découverte, 2017, 742 p.
Bien entendu le titre a attiré mon attention d’autant plus que j’attendais une suite de « Néo-libéralisme(s) » consacrée à la politique environnementale.
La citation de Marcel Gauchet « Sous l’amour de la nature, la haine des hommes » promettait de dénoncer la dérive de l’écologie politique à la française à la fois naïve et liberticide.
Il s’agit d’autre chose : dénoncer d’abord les incohérences du progressisme afin de proposer de nouvelles perspectives. et trouver les nouveaux outils conceptuels qui permettraient à la « gauche » de réconcilier l’écologie avec la solidarité et l’égalité élargies à un monde sans frontières..
Serge Audier apparait alors comme « engagé » pour une transformation de la société, reprenant les objectifs du socialisme mais précisant que « réactiver l’hypothèse communiste n’a pas grand sens sans élucidation autocritique très approfondie, notamment au plan écologique »
Il passe sous silence l’hypothèse de la courbe environnementale de Kuznets selon laquelle le capitalisme a de fait réussi à combiner abondance, préservation de la nature et diminution des inégalités au moins dans les sociétés où règne l’état de droit.
Tout comme dans son ouvrage précédent, la très longue introduction peut servir de résumé mais l’absence d’index des noms cités ne permet pas le repérage des multiples acteurs de la « société écologique ».
Enfin il est regrettable que Roger Scruton ne soit pas mentionné dans la mesure où il représente l’antithèse du projet proposé par Audier dans Green Philosophy, how to think seriously about the planet.
Un débat entre ces deux philosophes est souhaitable.