J’avais bien dès 1984 parcouru deux articles de Vincent et Elinor Ostrom publié par Baden et Hardin dans leur ouvrage collectif “Managing the commons” (Freeman and Co, 1977) mais J’ai entendu parler pour la première fois du fameux livre d’Ostrom, « Governing the Commons » lors d’une rencontre avec Roger Bates, Julian Morris et Michael De Alessi en 1999 à l’Institute of Economic Studies-IEA à Londres. Bien sûr, j’ai commandé et lu attentivement l’ouvrage au point d’inviter Elinor Ostrom en tant que keynote speaker à notre deuxième Conférence internationale « Droits de propriété, économie et environnement : les ressources en eau ». Elle ne pouvait pas venir mais a demandé à William Blomquist de faire un exposé sur « Le rôle des biens communs pour la gestion des ressources hydriques ».
Je fus dès lors convaincu qu’entre la propriété privée et la réglementation, la « common property » était un concept fécond pour gérer la plupart des ressources environnementales. En conséquence, à chacune de nos neuf conférences, nous avons invité un représentant de l’International Association for the Study of Common Property-IASCP..
Coïncidence émouvante : la dernière conférence d’ Ostrom a eu lieu en juin 2012, à l’IEA à Londres alors que, récent Prix Nobel, elle avait accepté d’accorder son parrainage à notre 9ème Conférence internationale qui s’est tenue à Aix en Provence, même temps.
Finalement je n’ai jamais rencontré physiquement E. Ostrom, mais elle fut et est toujours un de nos phares intellectuels.
Ce livret, The Future of the Commons: Beyond Market Failure and Government Regulation (ELINOR OSTROM with contributions from CHRISTINA CHANG, MARK PENNINGTON, VLAD TARKO, Institute of Economic Affairs, 2012) de 104 page est une excellente introduction critique aux concepts de propriété en commun… à ce jour encore largement ignorés des bureaucrates et des politiciens.
Il convient de remercier l’IEA d’avoir réuni et publié ces textes en souhaitant qu’ils soient traduits en français.
Max Falque
Voici le résumé traduit en français :
Les modèles économiques traditionnels de gestion des problèmes environnementaux relatifs à des ressources naturelles renouvelables, comme la pêche, ont eu tendance à recommander de recourir à la réglementation publique ou à la privatisation et à la définition explicite des droits de propriété.
Ces modèles traditionnels ignorent la réalité concrète de la gestion des ressources naturelles. Beaucoup de communautés sont en mesure de développer spontanément leurs propres approches pour gérer ces ressources communes. Selon les termes de Mark Pennington : «le livre du professeur Ostrom sur la gestion en bien commun est un superbe témoignage pour comprendre ce que l’on peut obtenir lorsque les économistes observent soigneusement en détail comment les gens s’organisent pour résoudre les problèmes, souvent au-delà de l’imagination des théoriciens en chambre »
En particulier, les communautés sont souvent en mesure de trouver des moyens stables et efficaces pour définir les limites d’une ressource en commun, définir les règles de son utilisation et les mettre en œuvre
La gestion efficace d’une ressource naturelle nécessite souvent des systèmes« polycentriques » de gouvernance où diverses entités ont un rôle dans le processus. La puissance publique pourrait jouer un rôle dans certaines circonstances, peut-être en fournissant des informations aux utilisateurs des ressources, ou en aidant le processus de mise en application par le biais de systèmes judiciaires.
Les travaux d’ Elinor Ostrom dans ce domaine, qui lui a valu le prix Nobel d’économie en 2009, reposait sur l’étude empirique détaillée des moyens mis en œuvre par des communautés pour gérer en pratique les ressources communes.
Il est essentiel que nous évitions le « syndrome de la panacée ». Il n’y a pas une seule manière de gérer efficacement les ressources communes. Différentes manières de gérer les ressources seront adaptées à des contextes différents – par exemple au sein de différentes cultures ou lorsque une ressource naturelle présente différentes caractéristiques physiques.
Néanmoins, il existe des principes que nous pouvons tire de l’étude détaillée des caractéristiques marquantes des différents cas pour nous aider à comprendre comment les différentes ressources communes peut-être être mieux gérées ; Quels systèmes de règles et d’organisation ont les meilleures chances de réussite ou d’échec ; et ainsi de suite.
L’Approche d’Elinor Ostrom a été salué par la gauche, qui y voit souvent un frein aux initiatives de privatisation par l’économie de marché. En fait, son approche est au cœur de la tradition libérale classique de l’économie politique. Elle observe les communautés choisir librement leurs propres mécanismes pour gérer les problèmes de ressources naturelles sans contrainte étatique ou de planification.
En développant une approche efficace pour la gestion des « commons » , il est important, entre autres choses, qu’une ressource soit clairement définis et que les règles régissant l’utilisation de la ressource soiennt adaptées aux conditions locales. Ceci suggère que les règles imposées du dehors, tel que par des organismes gouvernementaux risquent de ne pas réussir.
Il y a des domaines importants de la gestion des ressources naturelles où les idées d’ Elinor Ostrom doivent etre adoptées pour éviter une catastrophe environnementale. Peut-être l’exemple le plus éviden et concernant le Royaume-Uni est la politique de la pêche de l’Union européenne : à savoir un modèle centralisé pour la gestion de la ressource qui est appliquée dans toute l’Union européenne, sans tenir compte des preuves évidentes de son échec.