Nous avions déjà noté que The Independent Institute a consacré sa livraison de « The Independent Review, a Journal of Political Economy » (Hiver 2017, 150 p.) à l’examen de la nouvelle politique économique telle que proposée par l’Encyclique « Laudato Si ». Parmi les 7 contributions celle de Philip Booth, directeur de l’Institute for Economic Affairs (Londres) est particulièrement importante pour les tenants de l’écologie libérale qui considèrent que les droits de propriété sont au cœur de la protection environnementale. Dans « Property Rights and Conservation : the Missing Theme of Laudato Si » (19 p.) Booth note la rupture avec la tradition qui, de Thomas d’Aquin (XIIIème siècle) à l’encyclique Rerum Novarum (1891), considère le droit de propriété privé comme nécessaire et légitime pour la protection des biens et des personnes.
Max Falque
Résumé
La défense de la propriété privée a généralement été un principe clé de l’enseignement social catholique. À certains égards, cette défense a atteint son zénith avec Rerum novarum publiée en 1891. Souvent décrite comme « l’encyclique ouvrière », cette lettre papale de Léon XIII présentait également une vigoureuse défense de la propriété privée fondée sur le droit naturel.
Dans l’enseignement catholique postérieur, l’importance de l’institution de la propriété privée a souvent été soulignée, mais elle a également été critiquée. En outre, en ce qui concerne les questions environnementales, non seulement l’importance de la propriété privée a-t-elle été rarement proposée comme solution aux problèmes environnementaux, mais on a également laissé entendre que les droits de propriété privée peuvent être l’une des causes des problèmes environnementaux et de ses limites : on doit donc limiter le droit de propriété afin de limiter les atteintes à l’environnement.
Cette ligne de raisonnement est intéressante car, dans l’économie moderne, on pense généralement que la meilleure définition et l’application des droits de propriété sont une solution importante aux problèmes environnementaux. Ainsi, malgré la croyance de l’Église catholique dans l’importance des droits de propriété privée en général, l’église semble les considérer comme problématiques dans le contexte même dans lequel de nombreux économistes modernes les considèrent au contraire comme utiles. Cet article examine l’importance de la propriété privée dans l’enseignement catholique. Il considère ensuite les qualifications que l’Église a faites en relation avec les droits de propriété privée et leur rôle dans la protection de l’environnement. Enfin, il présente une partie de la recherche économique sur le sujet.